« Un jour, Monsieur Minssieux m’a demandé de partir pour l’Île Maurice. Je suis parti avec Chanthy Thor, qui à l’époque était un jeune électricien. C’est là-bas d’ailleurs que j’ai connu mon épouse actuelle : c’est la personne que j’ai rencontrée pour louer une maison. Beaucoup de collègues d’ailleurs se sont mariés en se rencontrant grâce à Clauger. C’était en 1999. C’était assez difficile du fait de la température. Comme on était assez libres, on pouvait aménager nos horaires et démarrer très tôt le matin pour moins souffrir de la chaleur. À l’Île Maurice, je m’occupais des sous-traitants qui faisaient de la tuyauterie. Avec eux, j’avais deux Mauriciens. Les Mauriciens sont très gentils, très sympathiques. Plutôt que d’aller déjeuner au restaurant, j’aimais bien manger avec eux. Je faisais juste attention à l’eau, en essayant de boire de l’eau en bouteille. Ils nous respectaient différemment je pense. On pouvait leur demander beaucoup plus parce qu’on leur montrait de la confiance, on leur montrait qu’on faisait attention à eux. On leur montrait que ce n’était pas parce qu’on était français qu’on valait mieux qu’eux. L’essentiel c’était de se mettre à la hauteur des personnes ! »
« Pour les 25 ans, on était tous partis en Ardèche. Paul Minssieux avait loué des petits logements. On faisait ensemble des balades à cheval ou à moto. C’était fantastique ! »
GALLUS CAVEGN NOUS A TRANSMIS SON BEAU SAVOIR-FAIRE
« Gallus était une personne exceptionnelle. C’était vraiment quelqu’un de bien. Très simple ! Très gentil ! C’était un peu comme notre papy ! Il nous a appris tellement de choses ! Avec lui, on avait commencé à travailler dans de vieilles installations. A l’époque, c’était horrible ! On finissait le soir noirs comme des charbonniers. Le travail était très dur. Un jour, dans un bar en Normandie, il me demande ce que je veux boire. Je réponds : « Un Vichy Saint-Yorre ! » Il me dit : « Quoi ? Tu veux boire du whisky ? » Je lui dis : « Non, du Vichy ! » Il dit au patron du bar : « Mais il n’est pas trop jeune pour boire du whisky ? » Depuis ce jour-là, il m’a appelé Long John ! Quand il y avait trop de monde en costume autour des chantiers, Gallus me disait avec l’accent suisse : « Regarde, grand ! On va les faire courir ! » Il pouvait y avoir M. Minssieux, il pouvait y avoir n’importe qui. Il ouvrait alors les purgeurs d’ammoniac et me disait : « Respire par petits coups ! » Nous, on était habitués. Je vous garantis que les « ronds de cuir », on les voyait sortir en courant. Bien sûr, M. Minssieux nous attrapait. »
« Chaudronnier et tuyauteur de métier, je suis entré chez Clauger fin 1978, à 21 ans. C’était l’époque des pionniers, avec une ambiance très familiale. Quand j’ai commencé à travailler pour Clauger, Monsieur Minssieux descendait dans la fosse avec nous. Quand on partait en Italie ou ailleurs, Martine Blache nous donnait soit du cash, soit trois ou quatre chèques en blanc pour acheter localement du matériel. La confiance a toujours régné. »
Tony Di Bisceglie, Patrice Hentzien et Dominique Di Bisceglie
« J’étais chef de chantier à l’époque. Je m’occupais un petit peu des sous-traitants. On avait monté une grosse installation dans le Jura, avec une quantité importante d’ammoniac, un fluide frigorigène assez dangereux. C’était à une époque où l’on changeait les joints en amiante pour les remplacer par des joints sans amiante. Le technicien s’était peut-être mélangé les pédales et on avait eu une énorme fuite. Toute l’usine a été évacuée. Cela s’est passé dans la nuit. Nous, on n’était plus sur le chantier. M. Minssieux nous avait alertés. Quand nous sommes arrivés à l’usine, il y avait la gendarmerie, la préfecture… Je me souviens bien de la première chose que nous a dite M. Minssieux : « Écoutez, ce qui est fait est fait ! On cherchera les responsables après, maintenant il faut vraiment qu’on assure pour remettre cette usine en route. » Tout le monde a mis la main à la pâte. Même le patron ! Il a fallu changer tous les joints. Un travail énorme ! Quand j’étais en train de serrer des grilles, il y avait à chaque fois à côté de moi un huissier qui contrôlait la pression des boulons que je serrais. C’était assez impressionnant. On s’est bien sortis de cette affaire. On a gagné la confiance du client. »